La Thaïlande en crise politique durable

Nouvelle ajoutée le 14/05/2010 - Auteur : fabrice Lu 2855 fois
Les disparités économiques et sociales relancent l’affrontement entre le clan Thaksin et le nouveau pouvoir. Un face-à-face qui mine le pays depuis trois ans.Une fois encore la Thaïlande est le théâtre d’affrontements et vit un nouveau rebondissement de la crise politique qui la mine depuis plus de trois ans. Hier, dans une allocution télévisée depuis la caserne du 11e régiment d’infanterie de siège, où il était accompagné de ses principaux ministres, le premier ministre, Abhisit Vejjajiva, soutenu par l’armée, a rejeté l’ultimatum de dissoudre le Parlement, lancé samedi par des milliers d’opposants, les « chemises rouges », partisans de l’ancien chef du gouvernement Thaksin Shinawatra, qui défilaient à Bangkok. Près de 100 000 manifestants, réunis au sein du Front uni pour la démocratie et contre la dictature (UDD), campaient encore lundi le long d’un boulevard dans un vieux quartier de la ville, alors que plus de 50 000 soldats, policiers et autres membres des forces de sécurité y ont été mobilisés. Depuis trois ans, les deux clans s’opposent dans le pays, se définissant par rapport à Thaksin. Celui-ci, renversé par l’armée en septembre 2006, fait actuellement l’objet d’une condamnation. La manifestation intervient deux semaines après la saisie de plus de la moitié de sa fortune. Il a été jugé coupable d’abus de pouvoir et de conflit d’intérêts lorsqu’il dirigeait le pays (2001-2006). Il vit aujourd’hui en exil mais garde la haute main sur le mouvement de ses partisans. Les « chemises jaunes » se réclament du roi Bhumibol Adulyadej, et se regroupent dans l’Alliance populaire pour la démocratie (PAD). Celle-ci comprend des gens issus du monde des affaires et des classes moyennes urbaines, Cqui avaient contribué à la chute de l’ancien premier ministre. Quinze mois de gouvernement militaire et de nouvelles élections avaient fait revenir au pouvoir les alliés de l’homme d’affaires. Une campagne demanifestations fut alors relancée, se traduisant par le blocus, pendant huit jours, des aéroports de Bangkok, et s’achevant en décembre 2008 avec le départ du gouvernement de la mouvance de l’homme d’affaires parti en exil. Devait lui succéder une fragile coalition comprenant d’ex-lieutenants de Thaksin qui avaient fait défection et sur laquelle Abhisit Vejjajiva s’appuie pour gouverner. Une situation instable qui explique en partie la rapidité de l’embrasement dans le pays, profondément divisé sur une ligne d’affrontements qui, en fait, recouvre d’énormes disparités sociales et économiques, entre les couches urbaines et les campagnes, les pauvres et les riches. Car le développement économique n’a pas profité à tout le monde. Les inégalités sociales demeurent criantes  : 20 % de la population possède 69 % des richesses du pays, tandis que 20 % des plus pauvres n’en possèdent que 1 %. Ce développement s’estaccompagné de l’émergence d’une importante classe moyenne, avec un PNB par habitant qui est aujourd’hui de plus de 9 000 dollars à Bangkok, contre 4 000 dollars dans le reste du pays. Dominique Bari Un pays cinglé par la crise L’économie thaïlandaise a été durement touchée par la crise mondiale, avec une baisse de croissance qui a atteint – 7,1 % au second trimestre 2009 mais devrait se limiter à – 3 % pour l’ensemble de l’année. Le pays prévoit un retour à une croissance positive située entre + 3 % et + 4,5 % en 2010. Pour faire pièce à la crise, a été mis en place le Thai Khem Khaeng, (une Thaïlande forte), un plan de relance triennal de 29,5 milliards d’euros.

Pour laisser un commentaire, vous devez être connecté.

Se connecter