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Résumé de l'histoire de la Thaïlande

Mis à jour le 19-07-2016  |  Publié le 05-06-2006 - Lu 82 029 fois
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Des découvertes archéologiques récentes, aux alentours du hameau de Ban Chiang, permettent de penser que le nord-est de la Thaïlande a vu, il y a quelque 5600 ans, s'épanouir la plus ancienne civilisation de l'âge de bronze. Mais cette période est encore fort méconnue et c'est beaucoup plus tard que commence réellement l'histoire de la Thaïlande.

Le peuple Thaï, est originaire du sud du Yangzi en Chine. Au VIII e siècle de notre ère, les Thaïs gagnèrent les hautes vallées du Yunnan où ils fondèrent le royaume de Nanzhao. Les Thaïs étaient alors connus des Chinois, des Chams et des Khmers sous le nom de Siamois. Durant cette longue période, le Nord montagneux de la Thaïlande actuelle était soumis à une principauté mône dont la capitale était Lamphun. La vallée de la Ménam dépendait du royaume môn de Dvaravati. Ce dernier connut aux VI e et VII e siècles apr. J.-C., une ère de prospérité qui lui permit d'exercer une véritable tutelle sur les provinces périphériques.

À partir du IX e siècle, les Khmers du Cambodge imposent leur domination sur la région du Ménam, dont la conquête est achevée à la fin du XII e siècle par le roi Jayavarman. A la même époque, le peuple thaï, descendant le long des grands fleuves à partir du Yunnan, s'installe progressivement dans la région. Après la mort de Jayavarman (1238), deux princes thaïs s'emparent de la frange nord du bassin du Ménam, où ils fondent le royaume du Sukhothaï - dont le nom signifie "l'aube du bonheur"- le premier royaume Thaï indépendant. La conquête du Yunnan en 1253, qui fut annexée à la Chine, accéléra la migration des Thaïs vers le sud et leur installation dans le nouveau royaume et dans de petites cités états au Lanna et à Phayao.

Le premier grand roi du Sukhothai, Rama Khamheng, s'empara des possessions khmères du Laos et progressa vers le sud-ouest, jusqu'à Petchaburi ; en 1294, il conquit le nord de la péninsule malaise. Imitant les structures sociales et militaires mongoles, les Thaïs mirent un terme à l'hégémonie khmère sur le Sud-est asiatique, mais, faisant une nouvelle fois la preuve de leur génie de l'adaptation, ils adoptent la brillante culture des vaincus. Ainsi, c'est durant l'époque de Sukhothai que le bouddhisme theravada devint la religion prédominante et que l'on vit apparaître les premières manifestations de l'art Thaï dans les domaines de la peinture, de la sculpture, de l'architecture et de la littérature. C'est aussi à cette époque, précisément en 1282, que Rama Khamheng fit graver une stèle commémorant les hauts faits de son règne et la splendeur de son royaume, et pour ce faire " inventa " les caractères de l'écriture thaïe, en les adaptant de l'écriture khmère : " Et ces caractères d'écriture existent parce que le roi les a inventés dans son cœur. " Date mémorable, victoire de la culture et de l'expression nationales.

En 1350, un prince du Sud, Ramadhipati (1350/1369) fonda une nouvelle dynastie et installa sa capitale sur une île du fleuve, Ayutthaya. En 1431, les Thaïs s'emparent de la capitale des Khmers, Angkor, dont ils réduisent les habitants en esclavage. C'est à cette époque que débuta le déclin de la puissance de Sukhothai au point de devenir vassal d'Ayutthaya en 1438. Seule la principauté montagneuse de Chiangmai opposa une forte résistance, et manifesta des velléités d'indépendance jusqu'en 1595.

C'est le début de l'ouverture sur l'Occident mais aussi des innombrables conflits avec son voisin du nord-ouest, la Birmanie.

Ainsi, au XVI e siècle, les rois d'Ayutthaya doivent faire face au danger birman. Lors d'un de leurs raids, les Birmans, conduits par le roi Bayin Naung (1551/1581) s'emparent d'Ayutthaya, imposant leur autorité sur le bassin du Ménam pendant une quinzaine d'années. Cependant, le roi Naresuen (1590/1605) restaure l'indépendance et l'unité du pays, qu'il réussit à pacifier, depuis les provinces du Nord jusqu'au Cambodge, dont il prend la capitale, Lovêk, en 1594.

Dès le XVI e siècle, le pays est reconnu par les Européens, et Naresuen leur ouvre le royaume. Au XVII e siècle, le Siam constitue une grande puissance orientale, dont les ambassadeurs partent en mission jusqu'à Versailles (1684). Le roi du Siam accorde alors des comptoirs commerciaux aux Français, aux Anglais et aux Hollandais. Mais il doit faire face aux prétentions du royaume de Huê sur le Cambodge et, comme par le passé, aux dangereux raids des Birmans. Ceux-ci prennent à nouveau Ayutthaya en 1767 ; son défenseur, un métis chinois du nom de Phya Taksin, ayant échappé au massacre avec quelques troupes, s'empare de Thonburi au sud, puis écrase à son tour les Birmans cantonnés sur les ruines d'Ayutthaya. Phya Taksin se proclame roi et établit une nouvelle capitale sur l'emplacement d'un petit village appelé Bangkok (nom d'une espèce d'Olivier appelé aussi "prunier mirobolant").

En quelques années, il se taille un nouveau royaume, s'emparant de Vientiane et de Luang Prabang, puis assure sa tutelle sur le Cambodge. Il est assassiné en 1782, au terme d'une révolution de palais, et Chao Phya Chakri, un de ses généraux, fonde la dynastie actuelle des Chakri, qui poursuit l'œuvre de Phya Taksin.

On peut considérer que c'est alors le début de l'histoire de la Thaïlande moderne.

Rama I er (1782/1809), Rama II (1809/1824) et Rama III (1824/1851) élargissent considérablement l'assise territoriale de leur puissance, annexant les provinces occidentales du Cambodge et instaurant une suzeraineté partagée sur sa partie orientale avec le Viêt-Nam. En outre, le Siam impose sa tutelle, au sud, aux sultanats malais.

Le Roi Mongkut, IV de la dynastie Chakri (1851 - 1868) et Rama V (1868 - 1910), qui régnera sous le nom de Chulalongkong, sont les artisans de la modernisation et de l'européanisation des structures administratives et économiques du royaume. C'est sous le règne de ce dernier que sera aboli l'esclavage en Thaïlande. Les émigrés chinois prennent alors une part active dans l'essor commercial et industriel du Siam. Sur le plan international, les Chakri savent, au cours du XIX e siècle, jouer habilement de la rivalité franco-britannique, faisant admettre aux Européens la nécessité d'un État tampon indépendant entre les possessions coloniales françaises et britanniques. Néanmoins, l'autocratisme de Rama VI (1910 - 1925) et les difficultés économiques sous le règne de Rama VII (1925 - 1935), auxquelles s'ajoutent les exigences politiques d'une classe militaire et administrative depuis longtemps européanisée, aboutissent au coup d'État de 1932, qui oblige le roi à accepter une Constitution.

Cependant, la nouvelle monarchie constitutionnelle n'est pas une véritable démocratie. En 1938, des militaires et nationalistes, sous l'autorité du général Pibul Songgram, prennent le pouvoir ; En 1939, le Siam prend le nom de Thaïlande (Prathet Thaï), attestant l'orientation nationaliste du gouvernement de Pibul. Il sera l'allié du Japon durant la Seconde Guerre mondiale. La Thaïlande annexe alors une partie de la Malaisie, de la Birmanie et du Cambodge.

À l'issue de la Seconde guerre mondiale, la Thaïlande parvient cependant à entretenir de bonnes relations avec le vainqueur américain, grâce à un double retournement. Dans un premier temps, en effet, Pridi Phanomyong, l'un des auteurs du coup d'État de 1932, est rappelé au pouvoir au moment de la défaite japonaise, ce qui permet à la Thaïlande d'échapper au statut de nation ennemie. Alors que le général Pibul Songgram disparaît un moment de la vie publique, la Thaïlande restitue au Cambodge et au Laos les territoires annexés avec l'approbation du Japon. Dès 1946 cependant, la mort, inexpliquée, du roi Rama VIII permet à son frère, Rama IX (l'actuel roi de Thaïlande), de monter sur le trône, et favorise le renversement de Pridi Phanomyong, en novembre 1947. Cinq mois plus tard, Pibul Songgram revient au pouvoir, et mène une politique favorable aux États-Unis dans le contexte de la guerre froide : la Thaïlande participe à la guerre de Corée et fait partie des membres fondateurs de l'Organisation du traité de l'Asie du Sud-Est (OTASE).

À l'intérieur, l'autoritarisme de Pibul Songgram n'empêche cependant pas les révolutions de palais : les coups d'État se succèdent : Pibul Songgram est renversé en 1957, et on dénombre dix-sept tentatives pendant les cinquante premières années du règne de Rama IX ! Les civils n'accèdent au pouvoir que par intermittence, comme entre 1973 et 1976, 1988 et 1991, ou encore depuis 1995, alors que les émeutes rythment la vie politique du pays. Même pendant les périodes démocratiques, les militaires demeurent très présents dans la vie politique, et composent une partie du Parlement.

À partir des années 1960, malgré cette instabilité politique, la Thaïlande enregistre d'importants progrès en matière économique et participe à la fondation de l'Association des nations de l'Asie du Sud-est (ASEAN) en 1967. Elle parvient de surcroît à étouffer la guérilla communiste qui apparaît en 1962 dans le nord-est du pays, tout en s'engageant aux côtés du Viêt-Nam du Sud dans la guerre qui l'oppose à son homonyme du Nord.

L'issue des guerres d'Indochine place cependant la Thaïlande dans une situation délicate : entouré d'États souvent hostiles et politiquement instables, le régime de Bangkok contrôle mal les confins du pays, souvent habités par des minorités culturellement proches du pays voisin. La frontière cambodgienne en particulier se trouve dès la fin des années 1970 bordée de camps de réfugiés (situés en territoire cambodgien) qui servent de base aux organisations luttant contre les Khmers rouges, puis contre les Vietnamiens. Après le départ de ces derniers du Cambodge, la Thaïlande, qui convoite les provinces de Battambang et de Siem Reap (restituées au Cambodge en 1946), soutient tacitement la guérilla khmère rouge.

À partir de 1995 cependant, dans un climat marqué par une forte croissance économique et par l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement civil, la Thaïlande cherche à se rapprocher de ses voisins immédiats, tout en favorisant les projets d'intégration régionale, et notamment l'ASEAN. La Thaïlande demeure néanmoins critiquée en raison de son attitude ambiguë vis-à-vis du trafic des stupéfiants, florissant dans le nord du pays, qui fait partie de la zone du Triangle d'or, mondialement connu comme une des toutes premières zones de production de l'opium.

La crise de 1997 provoque la démission du Premier ministre Chavalit Yongchaiyudh, auquel succède Chuan Leekpai qui doit mettre en œuvre le plan de rigueur élaboré avec le FMI.

Une nouvelle Constitution démocratique est promulguée le 11 octobre 1997.

Le 9 février 2001, le controversé Thaksin Shinawatra devient premier ministre après que son parti, le TRT (Thaï Rak Thaï = les Thaïs aiment les Thaïs), ait gagné les élections. il est le 23ème chef de gouvernement depuis l'avènement de la monarchie constitutionnelle en 1932. Thaksin Shinawatra est né le 26 juillet 1949 dans la province de Chiang Mai, d'une famille bourgeoise. Il a trois enfants, un fils et deux filles. Rentré dans la police en 1973, il obtient un doctorat de justice criminelle aux Etats-Unis. Il démissionne en 1987 pour se lancer dans les affaires. Il doit sa fortune à l'obtention du monopole de la vente d'ordinateurs aux entreprises d'Etat. Après l'informatique, il se lance dans les télécoms. Il crée alors le groupe Shinawatra (services de téléphonie portable et communications satellitaires). En 1990, l'Autorité Téléphonique de Thaïlande lui accorde une concession exclusive de 20 ans pour faire fonctionner un service de téléphones portables.

Le 26 décembre 2004, un tsunami dévastateur ravage les rivages de l'océan Indien faisant en Thaïlande 5 400 victimes et plus de 250 000 tous pays confondus. Il prend son origine dans un tremblement de terre de magnitude 9,3 dont l'épicentre se situe non loin du nord de l'île de Sumatra, en Indonésie.

Début 2006, des manifestations populaires demandent la démission du premier ministre accusé de favorisé ses entreprises au détriment des comptes publics. Plusieurs scandales politiques éclatent. Les partis d'opposition boycottent les élections législatives du mois d'avril. S'en suit plusieurs mois de trouble jusqu'à l'intervention de l'armée qui prend le pouvoir le 19 septembre 2006 à la faveur d'un coup d'état militaire : des blindés prennent position autour de la Maison du gouvernement à Bangkok et une cinquantaine de soldats entre dans l'édifice pour en prendre le contrôle. Le chef de l'armée, le général Sonthi Boonyaratglin, 59 ans, prend la tête d'un Conseil pour la réforme démocratique formé des commandants des trois armes et de la police. 

Depuis cette date, plusieurs Premiers Ministres se sont succédé, et l'instabilité politique demeure, divisant le pays en pro-taksin, paysans du nord et de l'Isaan et anti-taksin, majoritairement royalistes, originaires de Bangkok et des provinces du sud. Lors des manifestations, chaque camp va adopter sa couleur de raliement : les chemises rouges pro-taksin et les chemises jaunes, anti-taksin.

En décembre 2007, les militaires autorisent des élections législatives. Le « Parti du Pouvoir Populaire » est majoritaire. Somchai Wongsawat, beau-frère de Taksin devient premier ministre. Mais le camp anti-Taksin reste mobilisé et de nombreuses manifestations « Jaunes » sont organisées.

Début décembre 2008, les « jaunes » accentuent la pression : l’aéroport International de Bangkok est occupé pendant plus d'une semaine. 

Le 2 décembre 2008, la  Cour constitutionnelle contraint Somchai Wongsawat à la démission en lui interdisant toute activité politique pendant une durée de cinq et dissous le parti au pouvoir provoquant de nouvelles élections à la chambre des représentant. De nouvelles alliances se forment. Le 15 décembre 2008, Abhisit Vejjajiva, Chef du Parti démocrate depuis février 2005, est élu 27e Premier ministre de Thaïlande.

En 2010, les « chemises rouges »  du Front national uni pour la démocratie et contre la dictature (UDD) manifestent à Bangkok contre Abhisit qu'il accuse d'avoir pris le pouvoir non démocratiquement en 2008. De violentes manifestations ont lieu occasionnant des débordements. Le 10 avril, l'armée dégage les manifestants qui bloquaient depuis près d'un mois certains quartiers de Bangkok, en particulier le quartier commerçant de l'avenue Rama I. Le centre commercial Central World est incendié par les manifestants. Des échanges de tirs ont eu lieu de part et d'autre. Le bilan sera à 91 morts et plus de 1000 blessés. L'intervention mettra fin aux heurts.

Aux élections législatives de 2011, le parti Pheu Thai remporte la majorité absolue des voix. Le 5 août 2011 Yingluck Shinawatra, sœur de Taksin Shinawatra toujours en exil, succède à son adversaire, le Premier ministre sortant Abhisit Vejjajiva, devenant ainsi la première femme chef du gouvernement de ce pays.

Fin 2013, accusée d'être la marionnette politique de son frère, toujours en exil, elle est la cible de manifestations de l'opposition qui demandent sa démission, alors qu'est envisagé un projet d'amnistie pouvant faciliter le retour de son frère Thaksin. Le 6 mai 2014, elle est destituée par la Cour constitutionnelle de Thaïlande. Le ministre du Commerce, également vice-Premier ministre, Niwattumrong Boonsongpaisan, est nommé Premier ministre par intérim.

Le 22 mai 2014, le pays connaît un nouveau coup d'État militaire. Le général Prayuth Chan-ocha devient le nouveau chef du gouvernement. Il est soutenu par une partie du pays, notamment les chemises jaunes. Comme la plupart du temps en Thaïlande, le coup d'état a lieu en douceur et sans effusion de sang.

Les militaires continuent donc à jouer un rôle très important dans la vie politique thaïlandaise. Mais qu'on ne s'y trompe pas : ce qu'on appelle dictature en Thaïlande n'a rien à voir avec les anciennes dictatures d’Amérique du Sud. On n'est pas au Chili de Pinochet. Si les libertés publiques sont restreintes, il n'y a d'exaction et dans la vie courante, le pouvoir militaire n'est pas ressenti négativement : au contraire, beaucoup de Thaïlandais soutiennent ce pouvoir qui a sorti le pays de 10 ans de chaos. 

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